Wednesday 9 November 2016

RECHERCHE EN NUMISMATIQUE ANTIQUE ....... Entailles et contremarques


ENTAILLES ET CONTREMARQUES SUR LES TETRADRACHMES ATHENIENS DU Vème SIECLE AV. J – C : HYPOTHESE D UNE MONNAIE COMPLEMENTAIRE ACHEMENIDE.

INTRODUCTION

La Chouette Cheveche d Athena figure incontestablement parmi les symboles les plus connus de l Antiquité. Elle fut une des principales caractéristiques du monnayage athenien pendant plusieurs siècles (vraisemblablement de la fin du VIème au debut du Ier siecle). D ailleurs, on la retrouve sur le revers de la pièce de 1 euro emise par la Grece. Le Tetradrachme athenien de type Archaique, emis a partir des annees 520 av JC , est une piece d argent valant 4 drachmes et d'environ 17 grammes (Poids du drachme attique : 4.3 grammes). La Tete d Athéna, présentant le profil droit, caractérise l'Avers, cette chouette et la mention ΑΘΕ (premieres lettres grecques du nom « Athenes ») sont présentes au Revers. L approvisionnement en argent physique venait des mines du Laurium et vraisemblablement aussi de la récupération du tresor de la Ligue de Délos en 454 avant J.-C. . Ce monnayage d un fort pouvoir d achat (il correspondait a 12 jours de travail d un ouvrier) fut produit en abondance et circula massivement en Méditerranée orientale. C'etait la devise principale des echanges commerciaux.

DEVELOPPEMENT

Cependant, un petit pourcentage de ces pièces (notamment parmi les tetradrachmes archaiques) présentent des entailles ou des contremarques. Diverses hypothèses furent avancees pour les expliquer, dont les principales sont :

1) - le « test cut », ou vérification de la teneur en argent.
2) - la démonétisation
3) - caractériser des dons effectués aux Temples.

Aucune de ces hypothèses ne nous satisfait pleinement et nous souhaitons en avancer une nouvelle…. Nous pensons que ces entailles et contremarques ont servi a identifier des pièces utilisées pour des échanges commerciaux entre Grecs et Perses (ou pour le paiement des mercenaires grecs). Le poids du Tetradrachme athénien correspondant a trois sicles perses, nous pensons que les Achéménides ont aussi pu utiliser des pièces recupérées au cours des guerres médiques, les contremarquer pour les faire circuler dans l Empire, ou l argent physique sous toutes ses formes servait de moyen de paiement.

Le complexe monnayage grec antique (du chalque au statere d or) , et le rang de « devise internationale » du tetradrachme athenien jusqu au IIIeme siecle avant J C contrastent severement avec un monnayage acheménide dont la fonction était plus politique qu economique. Le Roi Guerrier, sous la forme d un archer, etait représenté sur les sicles en argent et les dariques en or. Un soldat achéménide était payé un darique par mois (8.35 grammes d or) , soit une solde de 2 sicles par jour (un darique valait 60 sicles). L Empire Achéménide était essentiellement un empire agricole, les taxes pouvaient etre payées en produits divers. Le déclin de l Empire perse , et sa chute au IV ème siècle furent davantage attribués a une faible allegance des peuples conquis a la Dynastie qu a un defaut de ressources humaines et militaires. Le monnayage perse ne présentant pas de multiple du sicle, le tétradrachme athenien avait alors un intérêt monetaire evident … Limiter la circulation de l or !!! Les guerres médiques et les echanges constant entre Perses et Grecs avaient sans aucun doute ramener dans l Empire des Tetradrachmes à la Chouette …..

Pour démontrer la validité de notre hypothèse et de meme invalider les hypothèses précédentes, nous nous appuierons sur la base de données sur internet : acsearch.info qui recense un très grand nombre de monnaies antiques depuis de nombreuses années…. Elle nous apparaît comme le meilleur corpus numismatique aisement accessible…

La base de données acsearch.info, consultée avec les termes anglais « tetradrachm », « athena » et « counterstamp », fait état de 8 tetradrachmes archaiques contremarques, datant de la meme période (autour de 420 av JC). L une des marques est identifiée comme provenant de Judee , a l epoque sous domination acheménide. Les contremarques sont toutes situées sur la joue d Athena, ce que contraste sensiblement avec des entailles qui sont quasiment toutes situées au revers de la pièce. Cela nous laisse penser que ce tetradrachme a pu circuler comme multiple du sicle (poids d un sicle : 5.40 grammes, soit environ le poids de l Hemistatere Lydien) …. Trois Sicles perses representaient donc 16,20 grammes d Argent, ce qui est tres proche du poids du Tetredrachme, surtout si on l entaille …..

L hypothèse de la démonétisation nous apparaît contestable pour plusieurs raisons …. Dans le sens de la numismatique moderne, démonétiser, c est retirer la valeur faciale d une pièce. De ce fait, lorsque la qualité de la monnaie était son poids en argent, nous considérons le terme inadéquat et nous proposons le terme de dechrematisation (chremata « les richesses » en grec) pour evoquer le retrait progressif de pièces d argent de la circulation…. L Histoire de la numismatique fait état de nombreux paiements « anachroniques » …. Des deniers romains ont pu circuler au Moyen Age par exemple, pour compenser le manque de numéraire. Nous pourrions comprendre l hypothese de la demonétisation si les pièces entaillées présentées des défauts de poids (par exemple si on retrouvait des tetradrachmes de 11 ou de 22 grammes), mais ce n est pas le cas. L envergure internationale de ce tetradrachme athénien nous interpelle aussi …. Pourquoi donc demonétiser et retirer de la circulation une pièce d'un bon poids, universellement acceptée et surtout quand l approvisionnement en argent physique ne fait pas defaut ??? D un fort pouvoir d achat, ces pièces était des monnaies de thésaurisation. Les classes sociales les plus basses n ont sans doute pas eu souvent accès a ce monnayage. L hypothese du « Test Cut » ou la verification de la teneur en argent nous apparaît tout autant douteuse ….
La base de données Acsearch.info nous mentionne plus de 8100 reférences pour les mots cles « Tetradrachm » , « athena » et « owl ». En rajoutant « cut » …. il ne reste plus que 645 reférences , et plus que 296 en rajoutant la date « 454 ». De ce fait, ces entailles ne concernent que moins de 5 % des tetradrachmes archaiques recensees. Ce pourcentage nous semble faible pour justifier un doute sur la qualité de cette monnaie …. Les deniers romains « fourrés » n arriveront que des siècles plus tard. Le Tetradrachme athenien ne devait circuler qu aupres des classes sociales élévees . Dans ces milieux, il est de mauvais ton de douter de la qualité de son partenaire commercial, d autant plus en entaillant ses pièces. De plus, les entailles ne sont pas standardisees et sont quasiment toujours sur le revers des pièces …. Si une méthode avait été trouvée pour vérifier la teneur en argent, celle ci aurait été diffusee et les pièces présenteraient pour la plupart la meme forme d entaille. L hypothèse des dons aux temples est semble t il  demontée par un article très intéressant trouvé sur le site sacra moneta ( http://www.sacra-moneta.com/Mots-generaux-Techniques-de-fabrication/Contremarques-et-monnaies-contremarquees-incusa-signa.html ) , qui définit que la plupart des trésors religieux retrouvées étaient composées de monnaies diverses …… De plus, outre le fait que le Tetradrachme représentait une grosse valeur (les troncs des églises ne doivent pas abriter souvent de coupures de 100 euros ...) … Nous ne voyons pas vraiment l intérêt d entailler ses pièces, a des fins religieuses, a moins qu elles ne durent destinées a rassembler du métal pour créer des ornements …. L approvisionnement en métal argent ne manquant pas a l epoque, nous doutons de cette hypothèse. Que ces pièces aient pu etre entaillées par les Grecs pour payer un tribut aux Perses, ou par les Perses pour humilier les grecs nous semble tout aussi douteux !!! …. puisque ce monnayage était le premier vrai outil de thésaurisation. Pour conclure, si le prêt a intérêt était pratiqué massivement a l epoque, nous ne voyons pas ce qui aurait pu pousser les creanciers a marquer de la sorte certaines pièces ….

De ce fait, nous avons développé notre nouvelle hypothèse en considérant la constance des echanges gréco – achéménides. Aucune explication « locale » a ces entailles et contremarques ne nous semblait satisfaisante., C est bien le contraste monétaire frappant entre la Grece et l Empire achéménide qui nous a servit à etablir notre hypothèse.


CONCLUSION

De ce fait, nous considerons que les huit mentions de tétradrachmes atheniens archaiques contremarquées sur la base acsearch.info représentent des multiples du sicle qui furent utilisees dans l Empire acheménide ….. Cela nous semble expliquer la marque sur le visage d Athena, et aussi leur extreme rareté, ils n ont pas eté vouées a la thésaurisation.
Ces Tetradrachmes entaillées ont dû circulé dans l Empire achémenide, et les entailles avaient sans doute pour vocation d ajuster les poids par rapport au sicle et eventuellement d éviter les « querelles comptables » dans les echanges marchands entre Perses et Grecs. Nous attribuons le choix quasi systematique du revers pour la localisation de ces dernières a un souci « diplomatique ». Il ne fallait pas altérer le visage de la Deesse pour ne pas offenser ses partenaires commerciaux.
Nous presentons ci dessous des photos de l avers et du revers d une de ses pièces.





























Un rare exemplaire issu d une collection privée et qui presente des entailles nettes sur le coup d Athena.



Bibliographie :

- LEVY Edmond РLa Grece au V̬me si̬cle. - Editions du Seuil, 1995, 316 pages.

- MOSSE Claude – Histoire d une démocratie : Athenes. - Editions du Seuil, 1971, 188 pages.

- HUYSE Philip – La Perse Antique. - Les Belles Lettres, 2009, 298 pages

- ASKEW Gilbert – A catalogue of Greek coins. - Seab Ltd, 1951, 123 pages.

- SEAR David R. - Greek coins – volume 1 Europe. - Seaby, 1978, 317 pages.

- BOUTIN Serge. - La collection POZZI. - Louis d Or, 1992, 3 volumes.

- CARRADICE Ian, PRICE Martin – Coinage of the Greek World. - Seaby, 1988, 160 pages.

British Museum Catalogue of Greek coins, Vol. 11 Attica, Megaris, Aegina, by B. V. Head, 1888.

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